Les associations au cœur de l’innovation en santé

Devenir un acteur de la recherche clinique

Se former sur la méthodologie et les règles de la recherche clinique

La recherche clinique se fonde sur des règles éthiques, légales et statistiques strictes. Elle est très encadrée juridiquement afin que les patients qui y participent soient protégés et ne risquent pas de mettre leur santé en danger en participant à l’évaluation d’un traitement qui n’a pas encore fait ses preuves.

Pour participer en tant qu’association de patients à la recherche clinique, il est nécessaire de se familiariser avec ces règles. Ce travail de formation peut paraître complexe, pourtant l’histoire des associations de patients a montré que nombreuses d’entre elles se sont emparées du domaine avec succès.

De très nombreuses formations en ligne existent pour les acteurs associatifs qui souhaitent franchir le pas, adaptées à tous les niveaux. Par exemple, l’Académie européenne des patients sur l’innovation thérapeutique (EUPATI, cf. Ressources) propose de nombreux outils de formation en français sur tous les aspects de la recherche clinique et de l’évaluation des produits de santé.

Certaines associations de patients françaises proposent également des informations de base sur la recherche clinique : par exemple la Ligue contre le cancer ou l’afa Crohn RCH France (cf. Ressources).

Identifier les instances où porter la voix des patients

Les promoteurs d’essais cliniques (ceux qui les organisent) peuvent être publics (sur des fonds alloués par l’État ou des fondations), privés (par exemple les industriels du médicament) ou mixtes. Chaque étude clinique est coordonnée par un « investigateur principal » qui s’appuie sur un comité de pilotage composé de professionnels de santé, de membres de l’organisme financeur et parfois, de représentants des patients.

Pour orienter la recherche clinique (par exemple vers un besoin particulier des patients), mieux vaut discuter avec les financeurs (une agence nationale de recherche, un laboratoire pharmaceutique, une fondation pour la recherche, un réseau d’établissements de santé, par exemple). Pour agir sur la conception et la mise en œuvre d’un essai en particulier, mieux vaut contacter l’investigateur principal ou des membres du comité de pilotage.

Lors de désaccord sur un essai clinique déjà conçu et en l’absence d’écoute de la part du promoteur, une association peut se tourner vers l’une des structures qui protègent les droits des participants aux essais cliniques.

Par exemple :

Si l’essai est déjà en cours, il est également possible, lorsque celui-ci existe, de se tourner vers le comité indépendant d’évaluation de l’essai en question, un comité dont la mission est de s’assurer, entre autres, qu’à tout moment l’essai ne représente pas un danger pour ceux qui y participent.

Comprendre les enjeux d’un essai clinique

Lors de participation à la recherche clinique, les associations de patients doivent veiller à certains enjeux cruciaux :

Où commencer lorsqu’on débute dans le domaine ?

Outre les formations en ligne sur les règles de la recherche clinique, une association qui souhaite participer à ce type de recherche peut contacter une association de patients plus expérimentée pour bénéficier de formations ou de conseils. Elle peut également envisager de participer aux travaux d’un Comité de protection des personnes (CPP) où les autres membres agiront comme des tuteurs pour expliquer les enjeux propres à la recherche clinique.

Enfin, il est possible de commencer son activité dans ce domaine par la relecture des documents qui seront proposés aux futurs participants pour les informer sur les conditions de l’essai clinique (voir page suivante). Pour cela, mieux vaut se créer des contacts avec les futurs investigateurs principaux (qui sont en général les médecins hospitaliers les plus en pointe sur la pathologie dont vous vous occupez) ou avec les promoteurs.

Participer à la relecture des documents destinés aux patients

Les futurs participants aux essais cliniques se voient remettre deux documents :

Pour remplir pleinement leur rôle, ces documents doivent être complets et facilement compréhensibles, sans ambiguïté. Le meilleur moyen d’y parvenir est de les faire relire par des représentants des patients avant leur finalisation. Cette pratique est devenue de plus en plus courante, elle est même devenue obligatoire dans le contexte des essais cliniques en cancérologie financés sur des fonds publics.

S’impliquer dans la relecture de ces documents est une manière concrète de prendre pied dans le domaine de la recherche clinique. Faites-vous connaître auprès des acteurs de la recherche dans votre domaine (chercheurs, professionnels de santé, industriels) pour qu’ils acquièrent le réflexe de vous solliciter.

Le Comité des patients en recherche clinique de la Ligue nationale contre le cancer

Depuis 1998, la Ligue nationale contre le cancer coordonne un groupe de patients relecteurs de documents destinés aux patients et relatifs aux essais cliniques, le Comité des patients en recherche clinique. Issus de Comités départementaux de la Ligue ou d’autres associations de patients en cancérologie, ses membres sont amenés à relire des notes d’information, puis à adresser leurs commentaires ou propositions d’amélioration aux promoteurs.

Leur autre mission est de représenter les patients auprès des autorités de santé, des institutions en charge de la recherche, des professionnels de santé impliqués et des laboratoires pharmaceutiques. Plus récemment, des promoteurs leur ont également demandé de relire des projets d’étude clinique pour s’assurer que celle-ci serait compatible avec les attentes et la vie quotidienne des futurs participants (cf. Ressources).

Analyser et communiquer les résultats d’une étude clinique

Parmi les rôles que peut jouer une association de patients dans la recherche clinique, la communication vers ses usagers des résultats des études, est une mission importante. Ce travail de restitution de données complexes dans un langage facilement compréhensible et avec un recul suffisant pour ne pas générer de faux espoirs, demande une bonne connaissance scientifique, mais aussi la capacité de se placer dans la peau d’un patient novice en la matière.

Dans ce travail, il est essentiel d’expliquer les conditions de l’étude, ses apports, mais aussi ses limites. En la comparant aux études précédentes et en la replaçant dans le contexte des stratégies thérapeutiques du moment, il est possible d’en donner une lecture réaliste, de préciser ses implications en termes pratiques et de montrer en quoi elle peut être utile pour identifier de futures pistes de recherche.

Dans ce travail, il est préférable pour l’association d’identifier des bénévoles intéressés par ce type de vulgarisation et de leur assurer le soutien des membres du Conseil scientifique et d’experts du domaine.