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COVID-19 : comment faire face à l’épidémie et apaiser ses peurs?

L’équipe Innov’Asso fait le point sur quelques attitudes à adopter pour gérer au mieux cette période inédite et délicate.

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Ensemble de personnes se tenant la main

Halte aux fake news

Le web peut apporter le meilleur comme le pire. Il est important de sensibiliser la population sur le fait qu’en période de crise, certaines sources s’avèrent néanmoins plus mensongères que constructives.

Si rechercher de l’information quand on est malade ou qu’on risque de l’être est normal, mieux vaut s’assurer de la fiabilité de ses sources. Les contenus officiels, notamment ceux émis par les autorités de santé ou les associations de patients sont sûrs, alors que certains contenus sont beaucoup plus contestables, et même parfois farfelus. Que penser du témoignage d’autres patients ? « Cela peut être anxiogène mais par moments, on vit dans le même monde et on traverse les mêmes réalités », note Lucie, atteinte d’une sclérose en plaque. Certains, comme Marcel, ne souhaitent pas lire les témoignages des patients, arguant qu’ils sont « nécessairement trop orientés car ils relatent des points de vue ». Face à son cancer de la prostate, il préfère des sources fiables. Mais comment repérer le bon grain de l’ivraie ? « Au final, je fais confiance à mes convictions. J’essaie de repérer les informations médicales et factuelles », précise-t-il.

Garder son calme et se tourner plutôt vers des sources reconnues est largement recommandé. Pourtant, dans des moments où la charge émotionnelle est importante, certains ne résistent pas à la tentation de se faire peur. C’est irrationnel mais assez humain. Pas de quoi culpabiliser pour autant, sauf que le fait de paniquer génère du stress et de l’anxiété, ce qui diminue les défenses immunitaires. « Nous cherchons à comprendre comment les patients cherchent l’information et observons souvent des comportements excessifs, mais ils doivent se sentir libres et non jugés. Il ne faut pas avoir honte. Oui on peut douter de la véracité d’une information même si elle est vue et revue par des millions de personnes. Encourageons les patients qui doutent à exprimer ce qu’ils ressentent. C’est très important pour diminuer le stress que tout cela engendre », explique Marie-Cécile Troquier, psychologue. Elle souligne qu’il ne faut pas hésiter à en parler en téléconsultation. « Il est important d’expliquer aux patients que la fake news est montée de toute pièce. Certes, le discours semble couler de source au point qu’on boit les paroles de celui qui les diffuse. On peut même être subjugué par ce qui est présenté, mais c’est précisément pour toutes les émotions suscitées qu’il faut se méfier », obtempère l’experte. La parole libère. En parler c’est déjà mettre à distance. « C’est notre travail de thérapeute de garder un oeil sur eux et de les amener à exprimer ce qu’ils savent ou pas sur la problématique que nous traversons », ajoute-t-elle.

Comment apaiser ses peurs ?

Dans cette période inédite, il est normal de se sentir anxieux. La peur signifie que nous avons conscience de l’existence d’un danger. Elle nous pousse aussi à réagir et à nous adapter, notamment en acceptant un confinement qui bouleverse notre quotidien.

Maintenir un lien avec son entourage
Il est normal d’avoir peur de la solitude, de la mort, de l’avenir, mais aussi de perdre le contrôle de nos vies. Peur de perdre le contact avec nos proches. Pas question évidemment d’aller rendre visite à qui que ce soit et encore moins aux plus fragiles. A défaut de les voir en vrai, prenez le temps de les initier aux nouveaux outils de communication. « J’ai passé une journée entière à expliquer à ma mère comment télécharger Skype. J’ai cru devenir folle. Mais au final, nous sommes l’une et l’autre bien contentes de pouvoir correspondre par ce biais », explique Anne, 42 ans. L’occasion précisément de parler avec sa mère des symptômes de stress post traumatique, et notamment de ses cauchemars et sautes d’humeur….

Ne regarder les infos qu’une fois par jour
« Pour me protéger de l’anxiété, j’ai trouvé une méthode imparable, je ne regarde les infos qu’une fois par jour et plus en continu comme au début », souligne Anne. Elle reconnaît ne pas avoir envie de s’en couper totalement, mais se limite à une heure par jour sur un média officiel. Notre cerveau fonctionne selon un « biais de négativité » si bien que nous avons tendance à surinterpréter les données.

Garder un rythme de vie stable,
Se faire des emplois du temps structurés permet de lutter contre la peur du vide. Beaucoup de patients doivent dans la période actuelle s’occuper de leurs enfants et même leur faire l’école à la maison. Certes cela structure les journées, mais autant dire que c‘est la double peine ! Une nouvelle peur peut se manifester : celle de l’impuissance. Celle de ne pas avoir la force et l’énergie d’être à leurs côtés pour les aider et les motiver. Il ne s’agit pourtant pas de se mettre à la place de l’enseignant mais de trouver ses propres stratégies. Tentez de garder la dimension plaisir à apprendre. Gardez en tête que les émotions « passent » d’un individu à l’autre. D’où l’intérêt de les gérer au mieux sachant que les enfants sont des éponges qui absorbent la peur ambiante. Evitons de les « contaminer ». Eux aussi ont le droit de marmonner ou de bouder. Laissons les faire. Enfin, il peut y avoir une peur de l’escalade liée au huis clos. Optez pour la temporisation en tentant de ne pas réagir en miroir face à ceux qui « explosent ». A fortiori si vous êtes aidant, essayez de désamorcer. Pas facile. Courage !

Comment faire face le plus sereinement possible à l’épidémie de coronavirus ?

Lavage des mains, distanciation sociale, confinement…. ces gestes sont en grande partie intégrés. Il n’en demeure pas moins que le fait d’être confiné d’une part et l’inquiétude liée à la propagation de la maladie d’autre part, ont de quoi perturber notre quotidien.

Verbaliser ses émotions
Pour Marie-Cécile Troquier, psychologue et hypnothérapeute, le confinement risque d’accroître le sentiment d’isolement des patients, lequel peut s’avérer extrêmement difficile à vivre : « Cette situation imposée est nécessaire et nous amène à nous interroger sur ce sentiment de solitude. Les personnes qui souffrent de maladies chroniques sont particulièrement impactées. Certaines ne vont pas pouvoir aller à leurs rendez-vous habituels chez le kiné ou chez le psy ». Heureusement, la téléconsultation avec un psychologue peut apporter des éléments de réponse. Elle même travaille pour la plateforme Positive You et constate une hausse des demandes de prises en soin. « Le silence et le vide créent l’angoisse. Nous aidons à gérer et à calmer cette angoisse naissante. En visio-conférence, le thérapeute écoute, sourit si nécessaire et accueille les paroles du patient. Il va faire connaissance avec lui et s’intéresser à ce qu’il ressent, tout en l’amenant à verbaliser sa douleur physique et psychique », explique-t-elle. Verbaliser ce qu’on ressent est selon elle tout à fait essentiel. Colère, peur, tristesse… autant d’émotions qui doivent sortir. « Pour mieux gérer leurs émotions, c’est déjà très important qu’ils apprennent à les reconnaître », observe-t-elle. Les patients doivent selon elle se recentrer sur leurs besoins. Leur optimisme est un réel allié. « Puisque nous ne pouvons pas les changer, autant en tirer le meilleur. Toutes ces émotions, qu’elles soient positives ou négatives, peuvent être partagées avec sa famille, ou ses amis par téléphone. C’est le sentiment de ruminer qui est nocif. Tout ce côté négatif va faire du mal au malade qui se sent déjà affaibli. Le thérapeute, qu’il consulte en ligne ou de visu, à tous les outils pour l’aider à reprendre confiance », ajoute-t-elle.

Exercices concrets
Pour lutter contre l’anxiété, elle propose des exercices pratiques pouvant être pratiqués depuis chez soi. « Pour être moins stressés, nous pouvons visualiser des images agréables ou repenser à des bons souvenirs. Cela nous amène à sourire, à se sentir plus légers », explique-t-elle. Ces exercices de visualisation sont importants à mettre en place pour profiter de la richesse de notre imaginaire dans ces moments de stress. « L’hypnose ericksonienne peut aussi aider, tout comme la respiration lente et profonde afin de calmer les tensions et réduire la charge émotionnelle », ajoute l’experte.

Bien bouger , bien manger
« Il est important de rappeler aux personnes de bouger dans la mesure de leur possibilité. Ils vont forcément faire preuve de créativité. Cela leur permet de solliciter la libération de l’adrénaline et renforcer le système sérotoninergique », note-t-elle. Elle rappelle que les états dépressifs peuvent être apaisés par des exercices physiques : « Le dépressif ne bouge pas, il est figé. Il n’a plus de motivation. Motiver vient du verbe mouvoir ». C’est en amenant les gens à bouger un peu tous les jours qu’on permettra au système dopaminergique de se remettre en route. « Le psychologue va l’encourager par la thérapie comportementale à prendre en charge ce mouvement essentiel, cet élan vital. La téléconsultation est un très bon outil pour cette approche comportementaliste » précise Marie-Cécile Troquier. A la clé, grâce à plus de mouvement, un retour du bien être.
Bouger est peut être d’autant plus important que le fait de ne pas se déplacer risque de conduire à une alimentation plus impulsive. D’où l’important de veiller à une hygiène alimentaire et de ne pas se ruer sur l’alimentation pour calmer ses angoisses. « Les addictions au sucre doivent faire l’objet d’une prise en charge en téléconsultation. L’hypnose est intéressante pour les comportements addictifs, qu’il s’agisse du sucre, du tabac, de l’alcool etc..On peut aussi proposer des séances en auto hypnose pour gérer la douleur ou améliorer les problèmes de sommeil », conclut Marie-Cécile Troquier.
Nous vous envoyons des pensées solidaires, prenez soin de vous et de vos proches !

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