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Le Dossier Médical Partagé : un objet de controverses

La première ébauche du “DMP” apparaît en 2004 sous le nom de Dossier Médical Personnel et consiste à regrouper les informations médicales des patients pour les partager entre différents professionnels de santé. En 2015, la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie (CNAM) donne une nouvelle jeunesse au regroupement de documents, désormais nommé “Dossier Médical Partagé”. L’idée intéresse autant qu’elle fait débat au sein du corps médical.

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Le Dossier Médical Partagé : un objet de controverses

Bien que la ministre de la santé Agnès Buzyn, ait officiellement annoncé l’accès au DMP pour tous le 6 novembre dernier, la cote de popularité du dossier n’est pas à son apogée. Pourtant, l’idée semble plutôt pertinente. Comme l’explique le pharmacien Xavier Schneider, le DMP permet une vision globale sur le parcours médical du patient :

“C’est une base commune sur laquelle les différents acteurs du corps médical peuvent discuter et échanger. Il permet aux pharmaciens de mieux comprendre les pathologies du patient afin de mieux dispenser les traitements. Pour le malade, cela incite à avoir une vision globale de sa santé. Enfin, lorsque, par exemple, un patient va consulter un spécialiste, il n’a pas besoin de revenir sur tout son parcours puisque le médecin a toutes les informations en main”.

Par ailleurs, la nouvelle version du DMP est plus élaborée dès son ouverture. Le pharmacien explique en effet qu’auparavant, lorsque l’on ouvrait un dossier, celui-ci était vide.

« Désormais, il y a déjà des informations notamment grâce à la carte vitale et à la Caisse Nationale d’Assurance Maladie”,

poursuit-il.

Depuis 2004, le projet a donc bien évolué mais pour certains, cela n’est pas encore suffisant.

L’objet de controverses

En effet, même si le DMP est prometteur pour l’évolution du système de santé, il a du mal à se mettre en marche. Sur le terrain, les praticiens rencontre de nombreuses difficultés, ce qui les refroidit et les dissuade bien souvent d’y avoir recours. Par exemple, contrairement à d’autres logiciels déjà existants qui permettent de regrouper les données médicales du patient afin de mieux les exploiter, le DMP enregistre seulement des PDF. Ainsi, il est compliqué de retrouver les données et les chiffres sont plus difficiles à utiliser :

“Pour moi, l’implémentation du DMP est complètement obsolète surtout comparé à tout ce dont on est capable aujourd’hui en termes de technologies”,

déplore le médecin Frédéric Grabli.

Par ailleurs, le DMP représente, pour certains, une charge de travail supplémentaire inutile. En effet, si un professionnel de santé utilise d’ores et déjà un logiciel non compatible avec le DMP, il devra réaliser une double saisie des données. Par ailleurs, certains regrettent l’absence de neutralité du dossier, dans la mesure où ce dernier est hébergé par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie :

“Ce n’est absolument pas concevable qu’un outil qui contient des données médicales secrètes soit hébergé par un assureur”,

dénonce Xavier Schneider.

Ainsi, certains professionnels affirment qu’à travers le DMP, le secret médical serait en péril et refusent donc de s’en servir et déconseillent même à leurs patients d’ouvrir un dossier :

“J’essaie de dissuader tous mes patients d’utiliser le DMP car les gens ne se rendent pas compte qu’ils mettent en péril le secret médical en les laissant entre les mains d’un assureur. Si c’était bien réalisé, ça serait un instrument médical merveilleux qui permettrait de coordonner les informations médicales et les soins”,

analyse le médecin Frédéric Grabli.

Un dispositif à améliorer

Bien que certains professionnels n’aient pas adopté le DMP, cela ne signifie pas pour autant qu’il faut totalement abandonner l’idée. L’outil qui, d’après l’objectif de la ministre de la santé, devait être entièrement déployé fin 2018, n’est pas encore tout à fait au point, mais comme l’explique Xavier Schneider, pharmacien :

“Le DMP est un socle commun d’information qui nécessite encore d’être interconnecté avec les logiciels qu’utilisent les cabinets médicaux, les pharmacies ou encore les hôpitaux. C’est encore en construction. Plus les patients vont se servir du DMP, plus les développeurs chercheront à trouver de nouvelles solutions pour connecter les logiciels existants au DMP”,

affirme-t-il.

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