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Médecine personnalisée : en marche vers le « sur mesure » – volet 1

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Place à la médecine génétiquement informée

Liée aux formidables progrès de la bio-informatique et de la biologie moléculaire, la médecine personnalisée est devenue une priorité gouvernementale. Mais, si chacun s’accorde à dire que le recueil et l’analyse accrus de données de santé vont optimiser les outils diagnostiques, préciser les décisions thérapeutiques et améliorer l’impact des actions préventives, le déploiement de la médecine personnalisée suscite encore des interrogations.

En médecine comme ailleurs, quand il s’agit de communiquer, chaque mot a son importance. Peut-être davantage quand on évoque la notion complexe de médecine personnalisée. Il faut dire que l’expression ne fait pas consensus. Jusqu’à susciter le débat sur des formules alternatives considérées comme plus adaptées pour présenter cette approche thérapeutique, hier encore considérée comme « futuriste ». Aussi entendons-nous parler pêle-mêle de médecine de précision, médecine stratifiée, médecine prédictive, médecine génomique, médecine participative ou encore de médecine rentable. L’Agence Européenne du Médicament (EMA) a pris le parti d’une définition compréhensible par le plus grand nombre, bien qu’elle puisse paraître réductrice au regard des enjeux et du champ d’application de la médecine personnalisée. En substance, voilà ce que dit l’EMA : « Donner au bon patient le bon traitement, chaque médicament étant donné à la bonne dose, au bon moment (et pour la bonne durée). » En clair : une médecine sur-mesure ! « La médecine peut être considérée comme personnalisée lorsque les traitements et les conseils dispensés sont ajustés aux caractéristiques intrinsèques (maladie, symptômes, « terrain » …) mais aussi extrinsèques (environnement, habitudes de vie…) du patient. C’est-à-dire lorsqu’elle appréhende le patient dans sa globalité », présente le Pr Damien Sanlaville, chef du service de génétique et directeur du laboratoire de cytogénétique au CHU de Lyon. La médecine personnalisée est rendue possible par des technologies émergentes, parmi lesquelles la génétique et la génomique occupent une place prépondérante. Mais en pratique, quel champ recouvre-t-elle précisément ?

Une décision thérapeutique guidée par le profil génétique du patient

Tenir compte des caractéristiques individuelles de chaque patient n’a rien de nouveau. Cela a même toujours été l’objectif des médecins, lesquels ont depuis longtemps observé qu’une même intervention thérapeutique pour une même maladie pouvait réussir chez certains patients, mais pas chez d’autres. Aujourd’hui, il est reconnu que plusieurs mécanismes physiopathologiques peuvent aboutir à une même maladie. Ce qui explique qu’une seule approche thérapeutique ne puisse en traiter toutes les formes.

Il s’agit donc désormais, dans la pratique médicale, d’essayer de « classifier » les patients le plus finement possible dans des sous-populations selon l’origine (mécanisme physiopathologique) de leur maladie, l’évolution attendue, mais aussi la susceptibilité de répondre efficacement à un traitement spécifique. Les interventions thérapeutiques et/ou les conseils sont ainsi adressés aux patients pour qui le bénéfice a été « objectivé » – épargnant aux autres un risque d’exposition à des effets secondaires d’un traitement inefficace (pour leur forme de maladie) et évitant à la collectivité des frais pour des traitements parfois onéreux. Voilà pour la pratique.

« Les progrès rapides en génomique et biologie moléculaire, notamment en ce qui concerne le séquençage du génome humain, ont considérablement augmenté la capacité des médecins à comprendre les mécanismes et l’évolution des maladies. Auparavant, notre approche était ciblée, c’est-à-dire que l’on recherchait une anomalie génétique bien déterminée au niveau d’un gène spécifique par exemple. Aujourd’hui, notre approche est globale car les techniques de séquençage haut débit permettent d’analyser de plus en plus finement et de plus en plus rapidement le génome entier » précise le Pr Sanlaville.

Résultat : en oncologie, la médecine personnalisée peut s’appuyer sur le profil génétique de la tumeur du patient pour sélectionner la thérapie ciblée la plus adaptée. Le profil génétique va ainsi guider le choix thérapeutique. La démarche s’applique à bien d’autres pathologies, la mucoviscidose (maladie génétique liée à des mutations du gène CFTR) par exemple.

« Pour la mucoviscidose, et plus précisément certaines mutations, il est possible de proposer un traitement ciblé. Adapter un traitement en fonction du profil métabolique du patient – métaboliseur rapide ou lent par exemple – relève de la pharmacogénétique. Il s’agit d’étudier l’influence du génotype sur la variabilité de la réponse à un traitement médicamenteux. Quant à la pharmacogénétique, elle a une définition différente de la génomique mais les deux termes sont souvent utilisés indistinctement », explique le généticien lyonnais.

Grâce aux outils de la médecine personnalisée, le médecin peut donc proposer à son patient un traitement adapté en fonction des spécificités génétiques et biologiques de sa pathologie, tout en tenant compte de son environnement et de son mode de vie.

La prédiction et la prévention avant tout

Terminée l’approche empirique qui voyait le médecin éprouver plusieurs médicaments sur un patient avant d’identifier le plus efficace. Les traitements associés à un test diagnostic (biomarqueur ou analyse génétique justifiant la mise en place du traitement) sont certes plus chers que les traitements traditionnels, mais les experts s’accordent pour dire que la médecine personnalisée épargne considérablement les surcoûts liés aux errances diagnostiques, examens à répétition, traitements inadaptés… Par ailleurs, l’approche prédictive favorise également les dépistages précoces et la prévention. A ce titre, elle est source d’économies supplémentaires… et de meilleure prise en soins précoce. Au final, n’est-ce pas là l’essentiel ?

Gardons en tête que pour les maladies qui engagent le pronostic vital, comme bon nombre de cancers, le tâtonnement médical peut être synonyme de perte de temps et donc de chance amoindrie de survie. La médecine personnalisée s’inscrit alors dans une logique prédictive et préventive, au sens où elle peut fournir des données permettant de déterminer la probabilité de développer des maladies courantes (hérédité, consommation de tabac ou d’alcool, expositions environnementales…) et en réponse favoriser la mise en place de stratégies préventives ciblées. Les professionnels de santé vont également pouvoir s’intéresser aux traitements en « vie réelle » et analyser les comportements qui améliorent l’efficacité des traitements (ex. l’activité physique).

Résultat : si pour le patient, la médecine personnalisée revient à bénéficier d’une stratégie thérapeutique sur-mesure, pour les professionnels de santé, c’est un outil supplémentaire à disposition pour mieux prendre en soins leurs patients. De quoi faire à terme de la médecine personnalisée, la panacée du système de santé ? Pas tout à fait.

Freins et limites

Des freins au déploiement de la médecine personnalisée existent et non des moindres. A commencer par un manque de soignants formés à l’analyse et l’interprétation des données génétiques. « Les CHU de Montpellier, Lyon et Dijon proposent conjointement un DIU de Médecine Personnalisée*. Ce diplôme a justement été créé pour répondre à des besoins de formation des personnels médicaux et paramédicaux dans le contexte d’une médecine personnalisée en plein essor » rappelle le Pr Sanlaville, co-coordinateur de ce DIUavant de préciser : « La formation s’adresse aux étudiants mais aussi aux professionnels déjà en exercice. Il est intéressant d’observer que des spécialités très différentes sont représentées : gynécologie, psychiatrie… ».

Toujours plus de données à traiter

Autre limite régulièrement rapportée : la question éthique. Quelles informations transmettre ? À qui ? À quel moment ? De quelle façon ? Les outils de la médecine personnalisée, en particulier les analyses génétiques, apportent leur lot d’informations fortuites – comprenez des informations non recherchées initialement, « non sollicitées » mais qui ont un impact sur le futur du patient (et/ou de son entourage).

« L’interprétation des données génétiques en vue de transmettre une information au patient peut s’avérer très délicate. La personnalisation de l’annonce est un exercice complexe. Il y a de nombreux paramètres à mettre en balance, la déontologie, l’éthique, la portée du résultat génétique, le profil du patient… » concède le généticien avant d’ajouter : « La nouvelle loi de bioéthique en préparation devrait très prochainement nous donner un cadre pour la transmission de l’information non sollicitée aux patients et nous guider dans les modalités pratiques. »

Il importe aussi de s’interroger sur les effets produits par la médecine personnalisée puisqu’elle pourrait conduire à une offre privée entre tests génétiques proposés sur Internet et autres thérapies innovantes non éprouvées. Cette offre s’est déjà largement développée aux États-Unis et progresse en Europe. Elle permet de recueillir, moyennant finance, des informations non validées (notamment génétiques) qui servent de base des prédictions de risque de développer certaines maladies à composante génétique.

À noter que l’absence de garantie de fiabilité des techniques utilisées engendre un accroissement des dangers pour les personnes. Quoi qu’il en soit, forte de l’engagement français dans le Plan médecine génomique 2025 avec la création prévue de 12 plateformes de séquençage génétique à très haut débit et le renforcement des collaborations publiques/privées, la médecine personnalisée apparaît, plus que jamais, comme une révolution de la pratique médicale. Il faut bien comprendre que pour être efficace et efficiente, la médecine personnalisée nécessite une masse considérable de données.

« Environ 4 millions de différences génétiques séparent deux individus lambda » informe le Pr Damien Sanlaville. « Le challenge, c’est de discriminer les différences qui sous-tendent la diversité de celles qui sont associées à des maladies. Pour cela, nous avons besoin d’un maximum d’informations sur les personnes malades, mais tout autant sur les personnes non malades » prévient le praticien.

Pour mettre en œuvre la médecine personnalisée, la constitution de grandes bases de données est indispensable. Leur analyse permettra de définir des indicateurs (notamment génétiques) prédictifs et in fine de favoriser une meilleure prise en soins. Bien entendu, cette collecte de données sensibles est soumise aux enjeux de leur sécurité, de leur protection (confidentialité, accès) et de leur bon usage… Une chose semble certaine : l’avenir du soin passera par la personnalisation de la prise en charge, pour des usagers mieux soignés et des professionnels de santé mieux équipés.

* Pour en savoir plus sur le DIU de médecine personnalisée co-coordonné par le Pr Sanlaville (généticien – CHU de Lyon) : https://anpgm.fr/media/documents/FLYER_A4_RV_DIU_MEDECINE_1.pdf

Une date

2003 : depuis le premier séquençage complet d’un génome humain, l’analyse des maladies, en particulier le cancer, repose de manière de plus en plus précise sur la découverte de variations génétiques spécifiques.

Un chiffre

2 400 milliards de dollars d’ici 2020 : c’est la somme représentée par le marché mondial de la médecine personnalisée.

NetCancer : informer, former, éduquer, c’est aussi soigner !

Créée en 2015 à l’initiative de médecins et d’experts de la communication, la plateforme NetCancera pour objectif de former et d’informer des professionnels de santé – médecins, pharmaciens, infirmières – sur les traitements innovants en cancérologie. Le grand public n’est pas en reste puisque le site, accessible gratuitement, entend aussi démocratiser la connaissance scientifique et médicale auprès des patients.

« Toute l’information scientifique et médicale, claire, précise et expertisée sur tous les traitements anti-cancéreux » : l’ambition principale de NetCancer s’affiche dès la page d’entrée du site. Il a été pensé à l’origine par Patricia Rigaud, entrepreneuse issue de l’univers de la communication, ainsi que par l’investisseur Melchior Dejouany, les Prs Jean-Charles Soria et Dominique Bellet, sans oublier le Dr Hervé Boissin. Pour allier les actes aux paroles, les fondateurs ont réuni des fiches produits, des vidéos et toute une offre de formations thématiques.

De quoi aider les professionnels de santé à optimiser la prise en charge de leurs patients atteints de cancer, un groupe de pathologies qui constitue la première cause de décès prématurés à l’échelle nationale. Chaque année près de 400 000 nouveaux cas sont déclarés en France. Une large population de patients est donc en quête d’informations sur cette maladie et en recherche de nouveaux outils pour s’impliquer davantage dans les traitements et la prise en charge.

En clair : il s’agit pour eux d’être acteurs du soin et de la lutte contre le cancer. La plateforme NetCancer a vocation à rapprocher les patients des 200 experts (médecins, praticiens hospitaliers et chercheurs en oncologie) identifiés par le site. Grâce à ce répertoire, le patient choisit son spécialiste en fonction de sa localisation et de sa pathologie. Il peut même demander un avis dans un centre d’expertises reconnu.

La démocratisation de l’offre de santé en oncologie prend alors tout son sens comme l’accessibilité renforcée à l’information. Il faut dire que l’univers de la cancérologie évolue rapidement vers une médecine « participative » (pivot de la médecine personnalisée). Classification des médicaments, interactions médicamenteuses, effets indésirables, résultats d’essais cliniques : NetCancer apporte à tous – patients comme professionnels – des éclairages sur le monde complexe des traitements anti-cancéreux et aide à mieux les comprendre.

Clarté, précision et expertise

Sur NetCancer, la connaissance scientifique prend également la forme d’interviews d’oncologues experts. Ces derniers répondent notamment aux questions que se posent les patients sur leur maladie ou sur les traitements innovants. Les explications se veulent pédagogiques et ludiques, simplifiées pour favoriser la compréhension du plus grand nombre, mais en aucun cas simplistes. Preuve en est avec les animations qui expliquent la conduite à tenir face à un effet indésirable. Ou encore la présentation des activités physiques permettant d’optimiser l’efficacité des traitements.

« NetCancer est, de par son actionnariat et son activité, une société indépendante, ce qui lui permet une totale liberté dans sa ligne éditoriale ou ses orientations pédagogiques. Nous essayons de répondre au mieux à une volonté de transparence légitime et attendue quels que soient les publics », expliquait récemment Patricia Rigaud, co-fondatrice de Netcancer, interviewée dans Industrie Mag.

Mais Netcancer, associée à Expertscape, ce sont aussi, à travers des fiches techniques, des vidéos et des formations en ligne, des experts qui s’adressent à d’autres experts, du moins à des professionnels de santé (oncologues, médecins généralistes, pharmaciens d’officine ou infirmier(e)s) pleinement investis dans les progrès en cancérologie et dans le développement de nouvelles thérapies. Ce partage de connaissances participe incontestablement au développement des compétences, à l’optimisation de la prise en charge des effets indésirables ou encore à l’amélioration du quotidien du patient.

https://netcancer.net/ L’information et la formation claires, précises et expertisées en oncologie pour tous

Le chiffre

150 : le site d’information et d’éducation NetCancer regroupe une communauté de plus de 150 oncologues spécialisés.

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