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MOOC Santé : tout savoir pour se lancer

Touche de clavier d'ordinateur MOOC

Depuis le décret sur la télémédecine paru en 2010, les usages du numérique se sont développés, à l’image du e-learning. Depuis quelques années, un nouveau format se développe : le MOOC (Massive Open Online Course). Ces cours en ligne gratuits et ouverts à tous sont encore assez novateurs en France, surtout dans le domaine de la santé. Sont-ils en passe d’être un nouveau moyen de formation et de diffusion de connaissances ? La rédaction d’Innov’Asso fait le point.

Qu’est-ce qu’un MOOC ?

Le MOOC est une formation sur internet dite en libre-accès avec des objectifs pédagogiques. « C’est un accès à une formation de qualité. La plupart du temps, les MOOC sont faits par des experts, des référents du domaine, les contenus proposés sont de qualité » comme l’explique Lisette Cazellet, Co-fondatrice et responsable de formation de l’association Formaticsanté, qui a créé le MOOC « Initiation à la e-santé ».

Le plus souvent, les cours en ligne se composent de vidéos, de QCM (Questions à Choix Multiples), de forums d’échange entre participants et d’activités diverses pour acquérir des connaissances dans un domaine particulier. Les participants peuvent y accéder quand ils le souhaitent, selon leur emploi du temps, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. S’il y a bien un parcours de formation, il n’y a pas de contrainte de temps. Enfin, la durée d’un MOOC est de 2, 3 ou 4 semaines, mais peut éventuellement s’étendre à 7 ou 8 semaines.

Pour Lisette Cazellet, « les MOOC font énormément bouger la formation. Beaucoup de professionnels de santé se forment via cet outil. Les représentants d’usagers et les associations de patients en sont très férus ».

Pour qui et pour quoi faire ?

J’ai eu envie de faire connaître l’essentiel sur cette maladie car il y a beaucoup d’idées fausses qui circulent

Pr Joël Belmin, Chef du pôle de gériatrie du Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière / Charles Foix

Les MOOC en matière de santé sont très peu nombreux mais pourraient connaître un essor rapide. Cela peut notamment s’expliquer par le contexte actuel où les patients et leurs proches recherchent davantage d’informations sur la santé en général, mais aussi sur une pathologie particulière et ses traitements.
Les cours à distance vont permettent d’apprendre, de partager des expériences, mais aussi d’échanger à distance autour des thèmes spécifiques.

Le Professeur Joël Belmin est le chef du pôle de gériatrie du Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière / Charles Foix. Il enseigne également la gériatrie et la gérontologie à l’Université Pierre et Marie Curie. Il a créé un MOOC intitulé : la maladie d’Alzheimer, tout ce que vous avez toujours voulu savoir : « J’ai eu envie de faire connaître l’essentiel sur cette maladie car il y a beaucoup d’idées fausses qui circulent. C’est une maladie extrêmement fréquente mais tout le monde n’a pas la chance d’avoir les éléments pour bien comprendre ce dont il s’agit, quels en sont les signes, quelle en est l’évolution, quels sont les traitements. L’objectif est aussi de faire un point pour savoir où en est la recherche ». Et d’ajouter « c’est une nouvelle forme de diffusion des connaissances très intéressante puisque en fait, il n’y a pas de conditions particulières pour accéder à ces formations, elles sont ouvertes à tout le monde. Il suffit de s’inscrire et de suivre les cours par Internet ».

La première session de ce MOOC a eu lieu en septembre-octobre 2015 et le Professeur Belmin prépare une nouvelle publication pour octobre prochain.

Les MOOC peuvent également être des outils pédagogiques formidables pour sensibiliser à une cause, à l’image de L’Association Laurette Fugain, qui a créé un MOOC « Devenir ambassadeur Laurette Fugain ». L’objectif était d’expliquer de manière didactique les dons de vie, leur importance dans le parcours de guérison et comment il est possible d’agir. Delphine Hoffmann, responsable du développement et des partenariats revient sur la création de leur formation en ligne : « nous nous sommes dit que le MOOC serait un support idéal pour pouvoir former, expliquer, faire tomber les idées reçues, et par la même façon, former des ambassadeurs qui seraient, à leur tour, capables de relayer ce message de sensibilisation à la fois dans le fonds et dans la forme ».

Comment créer et lancer son MOOC ?

Nous avons construit notre MOOC de façon très interactive avec des vidéos, dans lesquels nous nous sommes attachés à varier les intervenants

Delphine Hoffmann, Responsable du développement et des partenariats de l’association Laurette Fugain

« Se lancer dans la création d’un MOOC ne s’improvise pas, indique Lisette Cazellet. Il faut rassembler des compétences et prévoir un certain temps, cela prend en général six mois. ».

« J’ai conçu les cours et les contenus. J’ai choisi tous les documents associés au cours pour ceux qui veulent approfondir, explique le Professeur Joël Belmin. C’est un travail très soigneux pour présenter des connaissances solides et validées. Pour réaliser les ressources, j’ai une équipe rapprochée qui gère les aspects techniques et une équipe qui m’aide sur le plan pédagogique comme des infirmières, une psychomotricienne… Dans les ressources du MOOC j’ai fait intervenir des experts qui sont venus apporter leurs points de vue. Ces experts sont des personnes issues du monde associatif, ou référentes dans le domaine de la maladie d’Alzheimer, comme des professeurs de gériatrie ou de neurologie ».

Les cours se composent notamment de vidéos, ainsi qu’un forum qui permet à tous les participants de ce MOOC d’échanger des idées, de poster des questions et des commentaires, bref d’avoir des réponses.

Delphine Hoffmann de l’Association Laurette Fugain précise « pour le contenu, nous avions toute la matière car nous menons de nombreuses actions d’éducation et de sensibilisation sur le terrain, nous avons déjà beaucoup d’outils dont nous nous servons comme des quizz …. Nous avons construit notre MOOC de façon très interactive avec des vidéos, dans lesquels nous nous sommes attachés à varier les intervenants  ». Elle a choisi de varier les prises de parole, entre interventions de médecins, de bénévoles, de permanents de l’association ou encore de Stéphanie Fugain, Présidente de l’association. L’objectif était de pouvoir donner des éclairages différents.

Un groupe de travail doit donc élaborer le projet sur le contenu et les modalités de formations. « Il faut être clair sur le message à faire passer, rapporte Lisette Cazellet. Des compétences plurielles doivent se mettre ensemble pour concevoir un dispositif pédagogique. Ce qui fait la plus- value d’un MOOC c’est la qualité de l’ingénierie éducative. Vous pouvez avoir des contenus tout à fait intéressants mais si vous ne les mettez pas en valeur avec un parcours pédagogique et des activités didactiques adaptées, les participants ne vont pas savoir comment les trouver. Il faut de l’ergonomie dans l’espace de formation pour que les gens accèdent facilement aux contenus ».

Ce que les propos de Delphine Hoffmann confirment : « nous avons fait des réunions de travail avec des experts en MOOC, en nous appuyant sur les supports que nous utilisons déjà, et sur notre expérience terrain. Et puis, nous avons échangé pour construire un programme spécifique qui soit interactif, et qui puisse intéresser les novices comme ceux qui ont l’habitude de suivre ce genre de programme ».

Il existe des structures proposant des solutions techniques et pouvant offrir un accompagnement sur la création des contenus. D’une façon générale, il est plutôt recommandé de se faire accompagner par des spécialistes.

Quels sont les bénéfices des MOOC ?

La plus-value d’un MOOC c’est que non seulement, on accède à des contenus de formation mais surtout, on permet aux gens, à travers des outils collaboratifs proposés, d’échanger.

Lisette Cazellet, Co-fondatrice et responsable de formation de l’association Formaticsanté

Selon Lisette Cazellet, « le premier avantage est de pouvoir permettre à toute personne, puisqu’il n’y a pas de condition d’inscription et que c’est gratuit, d’avoir accès à une formation. Le deuxième avantage, c’est un espace de rencontre où il n’y a pas de hiérarchie, et qui permet aux patients et aux soignants de se retrouver ».

Pour le Professeur Belmin « c’est une façon de s’informer avec l’avantage de la gratuité, l’accessibilité et ce sont des ressources présentées par des grands établissements d’enseignement et donc les personnes qui s’y réfèrent sont sûres d’y trouver une information de qualité, bien validée et tout à fait d’actualité ».

« La plus-value d’un MOOC c’est que non seulement, on accède à des contenus de formation mais surtout, on permet aux gens, à travers des outils collaboratifs proposés, d’échanger. Cela permet aux professionnels d’observer les interactions entre patients. Très souvent, c’est très instructif pour les professionnels de savoir ce que se disent les patients entre eux et vice-versa, pour les patients de connaître les préoccupations des professionnels » souligne Lisette Cazellet et d’ajouter à propos des espaces d’échanges « patients et professionnels peuvent partager des préoccupations communes, voire mieux se comprendre ».

Delphine Hoffmann met aussi en avant les bénéfices de cet outil : « Cela a été extrêmement intéressant car le MOOC nous a permis de sensibiliser des personnes avec lesquelles nous n’aurions pas pu avoir l’occasion d’échanger autrement. Les MOOC autorisent beaucoup de flexibilité, puisque que chacun peut visionner le module et se former au moment qui lui convient le mieux. C’est vraiment un atout par rapport à des horaires de sessions de formation fixes. Cette liberté est très appréciée ». Elle indique en effet avoir reçu des retours extrêmement positifs des participants, qui ont adoré le contenu : « cela leur a donné des clés et des outils pour pouvoir à leur tour faire passer le message ». Pour elle, le MOOC se prête particulièrement à la diffusion de messages de sensibilisation : « j’encourage les associations à développer ce type de projets, et d’autant plus lorsqu’elle ont un travail pédagogique important à faire autour de leur cause ».

Enfin, une évaluation de la formation est possible. Pour Lisette Cazellet, « les participants aiment bien avoir une trace de ce qu’ils ont fait ». Cela leur permet de mettre en valeur leurs acquis.

Combien coûte un MOOC ?

Lorsque le contenu du MOOC est réalisé, il faut ensuite travailler avec une plateforme qui hébergera le MOOC diffusera le contenu, les vidéos, les quizz, mais aussi, gérera les questions et les réponses. Ce montant est à définir avec la plateforme d’hébergement. Le coût d’un MOOC varie donc selon les ressources créées et la partie technique. Côté financement,  il peut y avoir des subventions et des financements externes qui permettront de minimiser les coûts.

L’association Laurette Fugain, elle, a opté pour le financement participatif : « pour financer le projet, nous avons demandé à l’entreprise de proposer un devis réduit au maximum, puis nous avons lancé une opération de crowdfunding sur la plateforme Carenews avec l’abondement d’une entreprise partenaire, ce qui nous a permis d’en faire financer totalement la réalisation ».

Pour Lisette Cazellet, l’apparition des MOOC est « une révolution dans la e-santé dans la mesure où on se forme au numérique, au travail à distance, aux échanges à distance. Il y a un côté ludique également car les participants sont invités à partager sur les forums, à publier des contenus et à faire des recherches complémentaires ». De son côté, le Pr Joël Belmin prépare un nouveau MOOC, un programme sur l’aide aux personnes âgées dépendantes.

Se former et monter en compétence

Si les associations peuvent être tentées de créer elles-mêmes un MOOC pour sensibiliser le public à leur cause, former des bénévoles…, elles ont aussi recours aux MOOC pour se former et monter en compétences. Sur des sujets pratiques, le recours à ce type d’outils peut s’avérer utile. Et moins coûteux qu’une formation continue. A noter, ce sont souvent des sujets extérieurs à la santé qui intéressent les associations, car sur cet aspect là, elles sont au point. En revanche, des questions d’ordre technique, administrative, technologique… leur échappent parfois.

L’acquisition d’expertises digitales est notamment un point important pour elles, et suppose des ajustements auxquels les MOOC peuvent parfaitement répondre. Certes, toutes les associations n’ont pas encore le réflexe d’y avoir recours, mais la donne pourrait considérablement évoluer dans les années à venir.

Résumé

Si les associations peuvent être tentées de créer elles-mêmes un MOOC pour sensibiliser le public à leur cause, former des bénévoles…, elles ont aussi recours aux MOOC pour se former et monter en compétences. Sur des sujets pratiques, le recours à ce type d’outils peut s’avérer utile. Et moins coûteux qu’une formation continue.

A noter, ce sont souvent des sujets extérieurs à la santé qui intéressent les associations, car sur cet aspect là, elles sont au point. En revanche, des questions d’ordre technique, administrative, technologique… leur échappent parfois. L’acquisition d’expertises digitales est notamment un point important pour elles, et suppose des ajustements auxquels les MOOC peuvent parfaitement répondre. Certes, toutes les associations n’ont pas encore le réflexe d’y avoir recours, mais la donne pourrait considérablement évoluer dans les années à venir.

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